Revue hebdomadaire des principaux facteurs influençant les marchés financiers.

Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM

Le changement, c’est maintenant

Si les sondages se révèlent fiables, le contexte d’investissement pour les actifs risqués en France, et dans une certaine mesure dans la zone euro, sera plus favorable. Le programme réformiste d’Emmanuel Macron, son engagement européen et l’effet induit sur la confiance devraient en effet créer les conditions d’un renforcement de la reprise en cours. Aujourd’hui, la valorisation des actions européennes fait ressortir une prime de risque historiquement élevée, traduisant la défiance des investisseurs face aux incertitudes pesant sur la zone. Elle est également extrêmement élevée comparée à celle des actions américaines, alors même que les perspectives de croissance bénéficiaire semblent plafonner outre-Atlantique, notamment depuis que la capacité réformiste de Donald Trump a été mise en doute par son échec sur l’obamacare.

A l’inverse, le potentiel de rattrapage est élevé aujourd’hui en zone euro, tant sur la croissance économique, que sur les marges des entreprises. Parmi les autres scénarios, la qualification de François Fillon , avec un programme également très tourné vers le secteur productif, resterait favorable aux marchés. En revanche, l’accession de Jean-Luc Mélenchon au second tour engendrerait une forte remontée de l’aversion au risque car son élection, comme celle de Marine Le Pen, serait perçue comme le coup de grâce porté à une union européenne déjà très fragile. Une seule chose semble donc certaine aujourd’hui : le contexte va évoluer, pour le meilleur – c’est le scénario le plus probable – ou pour le pire.

 

Elections anticipées au UK

La décision de tenir des élections anticipées doit permettre à Theresa May de convertir son avance historique dans les sondages d’opinion en une ample majorité aux Commons, assurée pendant toute la phase de négociation du Brexit (qui s’étendra, pour ce qui concerne les relations futures, très certainement au-delà des deux ans prévus). Elle sera ainsi moins dépendante des extrêmes de son propre bord, notamment des plus farouches eurosceptiques, ce qui lui donnera plus de souplesse pour faire des concessions dans la négociation d’un accord de libre-échange, sans risquer une censure ultérieure du parlement. L’annonce est donc plutôt perçue comme favorable à un soft Brexit, ce qui s’est traduit sur les marchés par une hausse de la livre. Cependant, d’autres conséquences plus incertaines sont à considérer :

  • une fluctuation de l’opinion, avec une montée du LibDem qui rallierait les déçus du référendum,
  • l’effet d’un raz de marée des Tories sur l’opinion écossaise,
  • un gouvernement moins pro-business, conformément à la sensibilité plus interventionniste de Theresa May.

 

US: baisser les impôts s’annonce complexe

La partie que joue le gouvernement américain pour convaincre le Congrès d’accepter son projet budgétaire est serrée :

  • sa crédibilité est amoindrie après l’échec de l’obamacare, de sorte qu’il n’a plus le droit à l’erreur;
  • les taxes protectionnistes font l’objet d’une forte opposition;
  • ses prévisions économiques optimistes sont contestées tandis que le FMI prévoit une hausse de la dette de 11% du PIB d’ici 2022.

Le prochain débat sur la hausse du plafond de la dette va donc cristalliser les tensions.

Source: Ellipsis AM, Bloomberg