Avec la prise de conscience concernant le changement climatique, les actions prises par des gouvernements pour limiter l’impact de la consommation d’énergie et la crise énergétique mondiale actuelle, on ne pourrait que s’attendre à une migration au sein du vaste espace des crypto-monnaies vers des alternatives respectueuses de l'environnement et économes en énergie.
Par Esty Dwek, CIO
Ainsi, nous consacrerons cet article à la consommation énergétique de la plupart des grandes crypto-monnaies et mettrons en lumière quelques alternatives écoénergétiques.
Mais d’abord, il est important de révéler que Bitcoin, l’ancêtre de toutes les crypto-monnaies est l’une des pires en termes de consommation énergétique et risque de ne pas faire le poids si la tendance verte prenait de l’ampleur.
Même si l’on n’observe pas une corrélation importante entre le cours du Bitcoin et les coûts énergétiques à court terme, les défis environnementaux et les efforts de décarbonisation à l’échelle mondiale dictent que les actifs numériques du futur ne peuvent pas être ceux à grande consommation énergétique et à forte empreinte carbone. Par conséquent, le vrai bijou est certainement caché sous un nom respectueux de l’environnement.
Il est facile de faire mieux que Bitcoin!
Bitcoin utilise le protocole dit ‘de travail’ (proof-of-work PoW en anglais) pour effectuer les transactions de compte à compte. Ce protocole de minage vise à vérifier avec précision chaque transaction, et fonctionne sur un réseau massif qui utilise beaucoup d’énergie. Ainsi, le modèle PoW utilise chaque mineur pour chaque transaction sur son vaste réseau, tandis que le modèle concurrent, proof of stake (PoS), ou preuve d’enjeu, sélectionne un mineur aléatoire pour chaque transaction, ce qui le rend bien plus économe en termes de consommation d’énergie.
C’est donc vite vu: avec son protocole de travail, Bitcoin est sans doute l’une des crypto-monnaies les plus énergivores.
Selon l’indice de consommation d’électricité Bitcoin de l’Université de Cambridge, le processus de minage utilisé pour créer des Bitcoins consomme environ 116 térawattheures (TWh) d’électricité par an, soit presque autant que l’ensemble de la Norvège, plus du double de la Suisse, près de 30% de la consommation totale allemande et plus de dix fois celle de Google.
Et cette consommation s’empire pendant les périodes de rallye des crypto-monnaies au vu de volumes de transactions plus élevés. Ainsi, l’électricité consommée par les transactions de Bitcoin pourrait bien atteindre les niveaux de consommation de la France entière.
De ce fait, la consommation énergétique de Bitcoin est insoutenable pour la planète et les utilisateurs n’effectuent même pas encore leurs transactions quotidiennes sur Bitcoin. Si acheter sa pizza en échange des Bitcoin est le but ultime, la terre n’a clairement pas assez de ressources énergétiques.
Par conséquent, si l’avenir est aux crypto-monnaies, Bitcoin n’est peut-être pas l’avenir des crypto-monnaies. Pour le moment en tout cas, Bitcoin reste la devise digitale la plus échangée par capitalisation boursière, bien au-delà de ses concurrents.
Ethereum fait des efforts, au moins
Ethereum, qui est la deuxième plus grande crypto-monnaie par capitalisation boursière, prévoit d’abandonner le protocole PoW pour migrer vers le protocole PoS plus économe en énergie.
Mais il existe déjà des alternatives moins énergivores qu’Ethereum et la concurrence continue d’affluer. Cardano et Solana par exemple sont les plus sérieux concurrents d’Ethereum.
Cependant, étant donné que la plupart des jetons numériques, tokens, sont hébergés sur la plate-forme d’Ethereum, il est difficile pour les utilisateurs d’abandonner cette blockchain et de passer à une blockchain alternative du jour au lendemain.
L’efficience énergétique commence à devenir intéressante avec Cardano
Comme mentionné plus haut, l’une des alternatives les plus sérieuses d’Ethereum, Cardano, est déjà bien meilleure que les deux premières crypto-monnaies en termes de consommation énergétique. Cardano a également commencé à proposer des contrats intelligents sur sa plate-forme, ce qui a permis à la blockchain de prendre une longueur d’avance sur son concurrent Ethereum qui reste à la traîne en ce qui concerne sa migration vers le PoS.
Grâce à ses meilleures métriques énergétiques, et ses contrats intelligents, Cardano a récemment été propulsé à la troisième place dans la liste des plus grandes crypto-monnaies par capitalisation boursière, mais avec sa capitalisation de près de 70 milliards de dollar, il reste loin de son concurrent Ethereum, dont la capitalisation boursière dépasse les 400 milliards de dollar.
Seriously Green
Puis il y a une longue liste de crypto-monnaies plus ou moins attrayantes pour les investisseurs d’un point de vue utilitaire, et énergétique.
Mais comparer la consommation d’énergie de différentes crypto-monnaies n’est pas évident, étant donné que les volumes de transactions ne sont pas les mêmes. Ainsi, une crypto-monnaie peut donner l’illusion de consommer moins d’énergie en raison des faibles volumes de transactions, sans que cela soit vraiment le cas.
Cependant, nous savons que certaines crypto-monnaies sont fondamentalement plus vertes que d’autres, tandis que de nouvelles rejoignent le marché régulièrement. Nous ne pouvons toutes les traiter, donc nous en avons choisi trois qui sont méritent notre attention et sont de bons élèves verts.
BitGreen en fait partie. Le dernier a été fondé fin 2017 en réponse à l’impact environnemental du Bitcoin. Il s’agit d’une initiative communautaire et d’une alternative écoénergétique aux crypto-monnaies basée sur le PoW. BitGreen utilise son protocole propriétaire et la science comportementale dans le but de catalyser des actions quotidiennes à grande échelle. Et BitGreen joint ses actions à ses mots en permettant aux utilisateurs de découvrir et d’agir sur les opportunités d’impact environnemental, telles que l’utilisation de programmes de partage de vélos ou du bénévolat.
À l’heure actuelle, BitGreen occupe la 1762ème position par capitalisation boursière.
Stellar, en 23ème position, utilise également un tout autre consensus de vérification, connu sous le nom de SCP. SCP est également ‘open source’ et repose sur l’authentification des transactions via un ensemble de nœuds de confiance plutôt que sur l’ensemble du réseau comme dans le cas du PoW. Ainsi, la vérification des transferts est bien plus courte, ce qui permet de réduire les coûts et la consommation d’énergie.
Stellar a d’ailleurs suscité un engagement sérieux d’IBM et de Deloitte.
Et SolarCoin a une nouvelle approche de la crypto-monnaie à l’environement. Comme son nom laisse imaginer, il crée 1 SolarCoin pour chaque mégawattheure généré à partir de la technologie solaire. Actuellement, ce réseau repose principalement sur le téléchargement de la documentation par les utilisateurs pour prouver la production d’énergie, donc la quantité des SolarCoins créés, mais des développements pourraient un jour rationaliser ce processus avec des mises à jour automatiques à partir des panneaux solaires. Cela pourrait être un moyen d’amortir plus rapidement le coût d’installation d’un panneau solaire, par exemple. Du pain béni pour ceux qui aiment les cryptos et l’environnement!
Conclusion
Les crypto-monnaies économes sont certes jolies sur papier, mais leur potentiel de croissance reste incertain.
A court terme, il est évident que la plupart des crypto-monnaies vertes n’ont pas le pouvoir de détrôner les géants du marché, tels que Bitcoin ou Ethereum. Cependant, ces crypto-monnaies peuvent co-exister, et si c’est le cas, il n’y a aucune raison de ne pas allouer une partie des avoirs en crypto-monnaies aux alternatives vertes dans le but de joindre l’utile… au propre.