Après des mois de résistance, Jerome Powell a finalement cédé : à Jackson Hole, le patron de la Fed a ouvert grand la porte à une baisse de taux dès septembre. Le discours, résolument dovish, a propulsé Wall Street vers de nouveaux sommets, le Dow Jones signant un record historique. Les investisseurs ont choisi d'ignorer le bruit politique, Donald Trump appelant désormais à la démission de la gouverneure Lisa Cook, pour se focaliser sur l'essentiel : le pivot monétaire est acté. Dans ce climat, le dollar a reculé, les taux longs se sont détendus et l'appétit pour le risque s'est renforcé.

Un mini-bus blindé d’Européens a fait halte à la Maison-Blanche: Macron, Meloni, Starmer et Von der Leyen ont affiché leur unité aux côtés de Zelensky, sans parvenir à infléchir la trajectoire d’un Trump plus que jamais tenté par le bilatéral avec Poutine. Sur les marchés, le Vieux Continent a souffert: le WIG20 polonais s’est effondré de 4,5% après l’annonce d’un projet de surtaxe bancaire, tandis qu’en France François Bayrou tente de convaincre qu’un budget 2026 assorti de 40 milliards d’euros d’économies est tenable. Le climat reste celui d’une Europe contrainte par la rigueur budgétaire, et fragilisée par le jeu d’équilibriste entre soutien à l’Ukraine et discipline fiscale. Dans ce contexte, le portefeuille Investisseur Europe de Zonebourse a vu ses lignes les plus défensives progresser, à l’image de la hausse de Novartis, Iberdrola et Intesa Sanpaolo.

Les distributeurs américains ont déçu: Walmart rate les attentes pour la première fois en trois ans, Target trébuche sur son nouveau CEO, seule Home Depot sauve l’honneur. Symbole d’un consommateur qui s’essouffle, l’épisode tranche avec l’euphorie de Wall Street. Sur le front technologique, les stars de l’IA ont enfin corrigé : Nvidia, AMD et Palantir ont cédé du terrain, victimes de valorisations trop tendues. Les valeurs tech/IA avaient un peu moins la côte la semaine dernière, légère prise de bénéfice observée suite aux discours de Sam Altman sur la bulle spéculative en cours selon lui sur les valeurs et au rapport du MIT sur la faiblesse de l’accélération des revenus après l’intégration de l’IA dans les entreprises. Dans le portefeuille Investisseur USA de Zonebourse, qui gagne 1,40% cette semaine contre 0,27% pour l’indice S&P 500, la rotation se poursuit : Instacart et Carvana sortent, au profit de deux mastodontes plus solides. Amazon, qui affiche 155,7 milliards USD de revenus trimestriels (+9%) et une résilience intacte d’AWS, conserve son statut de machine de guerre du e-commerce et du cloud. Amphenol, champion discret de l’interconnexion, brille avec des ventes record à 5,65 milliards USD (+57%), porté par la frénésie d’investissements dans l’infrastructure IA. Deux ajouts qui incarnent diversification, innovation et robustesse.

En Chine, Kingsoft a publié des résultats contrastés. Son chiffre d’affaires trimestriel a reculé à 2,31 Mds CNY (-7%), mais le bénéfice net s’est envolé à 532 M CNY (+35%). Le moteur ? La division bureautique WPS, en hausse de 14%, galvanisée par le lancement de WPS AI 3.0 et de l’agent intelligent Lingxi, déjà adopté par 13 millions d’utilisateurs actifs. En revanche, l’activité jeux vidéo plonge de 26%, pénalisée par la normalisation des titres phares Snowbreak et JX3 Online. Le nouveau venu Mecha BREAK a connu un départ canon sur Steam avant de peiner à fidéliser, preuve que l’équilibre entre créativité et monétisation reste fragile. Kingsoft mise désormais sur l’IA et les logiciels collaboratifs pour cimenter sa croissance et atténuer la volatilité du gaming.

Une semaine décisive

Après Powell, place au concret. Cette semaine, deux rendez-vous phares attendent les marchés: les résultats de Nvidia mercredi soir, véritable thermomètre de la fièvre IA, et la publication vendredi du PCE, l’indicateur d’inflation favori de la Fed. Toute déception sur Nvidia ou un PCE plus chaud que prévu pourrait refroidir l’enthousiasme boursier. À l’international, le premier ministre français François Bayrou détaillera son budget 2026, tandis que Donald Trump recevra le président sud-coréen Lee Jae-myung. Entre test de résistance des marchés et agenda macro chargé, les investisseurs n’auront pas le loisir de souffler.