La note macro de Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM.

A peine deux jours après des commentaires acides de Donald Trump sur la politique monétaire de la Fed – qu’il jugeait trop restrictive – Jerome Powell a donné au marché des raisons d’espérer que le cycle de resserrement actuel pourrait être plus court:

• Alors que début octobre il déclarait que le niveau des taux directeurs était loin de la neutralité, son appréciation est devenue, dans son dernier discours, «juste en-dessous de la fourchette des estimations du niveau neutre» (si l’on prend le commentaire à la lettre, il s’agit d’une évidence: au dernier FOMC, la fourchette publiée était de 2,5%-3,5%, alors que les Fed Funds sont à 2,2%).

• Dans le même temps, il a déclaré que «les effets des hausses de taux sont incertains et pourraient prendre plus d’un an pour se manifester». Cette affirmation plaide clairement pour une phase d’observation permettant de mesurer les effets du resserrement déjà effectué.

Il n’en fallait pas plus pour que le marché révise ses anticipations de hausses des taux et revalorise actifs risqués et dette souveraine. Powell a donc pu ainsi envoyer des signaux dovish sans, pour le moment, modifier la guidance de la banque centrale. Il a également mentionné que depuis plusieurs décennies, les récessions n’étaient plus causées par des hausses d’inflation et de taux monétaires mais par des excès de valorisation et d’endettement. Il a toutefois pondéré cette remarque en notant que les actions américaines étaient valorisées en ligne avec les standards historiques et que, si le levier des entreprises (qui atteint des niveaux record) serait problématique en cas de récession, la désintermédiation de l’endettement des entreprises – via les émissions obligataires ou la titrisation des crédits – réduit le risque systémique sur le système financier. Mais on pourrait craindre également – si la simultanéité entre les propos de Donald Trump et la réaction de Jerome Powell n’était pas un hasard – que la Fed contribue au risque systémique en réagissant aux baisses de marché par des assouplissements monétaires.

La Buba croit au rebond de l’Allemagne

Les économistes de la Bundesbank ont dressé dans leur rapport mensuel un tableau rassurant de l’économie allemande. La production et les exportations de véhicules devraient, selon eux, retrouver leur tendance récente avant la fin de l’année, les indicateurs avancés restant nettement au-dessus de leur moyenne de long terme. La consommation privée a été ralentie par des effets climatiques mais elle devrait retrouver au T4 son rôle moteur dans la croissance, notamment grâce à la robustesse de l’emploi et des salaires. Si leur scénario se réalise, il est clair qu’une partie de l’aversion au risque qui pèse sur la valorisation des actions européennes serait réduite.

Qu’attendre du G20?

L’importance de la réunion du G20 de ce week-end consistait essentiellement en la rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping. Depuis plusieurs années déjà, aucune décision significative ne ressort de ces sommets, qui se résument à des déclarations d’intention non engageantes ou des chamailleries sur les politiques fiscales et monétaires. Le président américain a fait monter les attentes la semaine dernière en déclarant qu’il était près d’un accord avec la Chine (ce qui n’a eu, au regard de ses revirements, qu’un impact de marché limité). Notons que c’était l’une des dernières rencontres programmées avant l’augmentation à 25% des droits de douane sur 200Mds d’importations. Au vu de la montée en puissance de la confrontation, on ne peut raisonnablement espérer qu’un report de cette mesure, l’absence d’accord étant probablement le scénario central du marché.