Conscience collective éveillée, volonté politique affirmée, cadre scientifique défini et favorable, technologies et innovations identifiées, modèles économiques validés: de nombreux obstacles ont été levés pour que la mutation de nos économies vers un modèle décarboné soit possible.

Par Adrien Dumas, gérant et responsable de l’équipe Croissance chez Mandarine, gérant du fonds Mandarine Global Transition

 

Adrien Dumas
Gérant du Mandarine Global Transition

L’impact de l’économie sur les émissions du CO2 et l’impact de ce dernier sur le réchauffement climatique démontrent clairement un lien entre l’activité humaine et le dérèglement climatique. Mais l’urgence climatique se matérialise depuis de nombreuses années et non seulement à l’aune du dérèglement climatique, avec la pollution des mers, la fonte des glaces, la disparition de la biodiversité. De nombreux experts ont lancé un cri d’alarme mondial il y a bien longtemps sans toutefois de mesures efficaces mises en place.

La bonne nouvelle c’est que la situation en 2020 dessine un tableau très différent de celui de la dernière crise (2009). L’urgence climatique commence à rentrer dans la conscience des populations-aujourd’hui c’est devenu la première préoccupation de 47% des Européens selon un sondage réalisé par l’Institut BVA. L’énergie solaire est devenue rentable et productive, puisque son coût d’exploitation a été divisé par cinq, tandis que les taux de financement sont aujourd’hui plus favorables aux projets verts.

La volonté politique se calquant sur l’expression citoyenne, la nécessité d’intégrer la transition énergétique et écologique (TEE) dans les plans de relance et de développement apparait comme une évidence. Ainsi, la Chine favorisera fortement les investissements dans la TEE dans son prochain plan de développement quinquennal. En avance sur le reste du monde, l’UE et son Green Deal, ou la fiscalité verte, a prévu d’investir au moins 25% du budget par an dans la TEE entre 2021 et 2027. Le Parlement européen a par ailleurs adopté la taxonomie, une nouvelle législation sur les investissements durables qui doit permettre de diriger les capitaux vers les éco-activités. Ainsi, l’argent public et l’argent privé seront mis à contribution pour financer la transition. Enfin, nul doute que les Démocrates abattront une carte sur le sujet environnemental dans le débat présidentiel américain à venir.

La crise sanitaire que nous venons de vivre représente également un accélérateur de la transition selon nous: elle a démontré qu’il était possible de répondre activement, collectivement et de manière coordonnée à une urgence, ce qui peut être appliqué à l’urgence climatique. En outre, cette crise devrait accélérer la relocalisation des industries en favorisant notamment les industries vertes, ce qui permettrait de reprendre le contrôle sur les émissions et sur l’impact climatique. C’est l’un des grands impacts structurels de la crise sanitaire.

La place de la transition écologique dans la relance mondiale doit donc être maximale. Conscience collective éveillée, volonté politique affirmée, cadre scientifique défini et favorable, technologies et innovations identifiées, modèles économiques validés: de nombreux obstacles ont été levés pour que la mutation de nos économies soit possible. Les entreprises et les investisseurs commencent à prendre en compte ce sujet dans leurs stratégies et dans leurs choix. Toutes les parties prenantes sont désormais alignées pour que la transition vers une économie décarbonée puisse se matérialiser. Enfin et surtout, comme l’ont démontré Joseph Stiglitz et l’Université d’Oxford, investir dans la transition est le meilleur moyen de relancer nos économies et de créer des emplois à moyen et long terme.*

 

*Source: Oxford University – Will COVID fiscal recovery packages accelerate progress on climate change, Prof Nicholas Stern, Prof Joseph Stiglitz and Dimitri Zenghelis.