Au cours des deux dernières saisons de résultats, les investisseurs ont été agréablement surpris par des chiffres meilleurs qu’attendus. Cette situation a été favorisée par des attentes initiales prudentes, et a fait écho à la bonne santé de l'économie américaine qui, elle aussi, continue de surprendre les marchés financiers. Malgré cette tendance positive, la prudence reste de mise pour les mois à venir.
Par Axelle Pinon, membre du comité d’investissement
- Les bénéfices du S&P devraient baisser de 6 à 8% au deuxième trimestre 2023, mais le consensus s’attend toujours à un rebond des bénéfices dès le troisième trimestre.
- Les prévisions de BPA pour 2023 sont inchangées depuis quelques mois, de sorte que pour justifier la récente expansion des multiples de valorisation, les chiffres du 2e semestre 2023 et de 2024 doivent être revus à la hausse, ce qui nous semble peu probable.
- Trois sujets font l’objet d’une attention particulière: la tech & l’intelligence artificielle, la décélération européenne et les signes d’affaiblissement de la consommation.
Depuis le début de l’année, les marchés ont connu une trajectoire favorable. Si ce rallye était d’abord limité à 7 entreprises technologiques américaines, l’enthousiasme s’est récemment généralisé.
Cette performance a été soutenue par une baisse constante de l’inflation, permettant de plafonner les taux d’intérêt à long terme. En conséquence, les multiples de valorisation ont augmenté: le ratio cours/bénéfice à un an pour le S&P 500 est passé de 17x à 20x en l’espace de sept mois.
Après cette expansion significative des multiples de valorisation, la croissance des bénéfices doit dorénavant venir en soutien des marchés financiers.
Peut-on compter sur les bénéfices pour maintenir la dynamique haussière sur les marchés actions?
Selon le consensus, les bénéfices trimestriels des entreprises du S&P 500 devraient chuter de 6 à 8% par rapport à l’an dernier (principalement dus aux secteurs de l’énergie et des matériaux). Cependant, ce sont les perspectives qui seront communiquées par les équipes dirigeantes qui seront particulièrement scrutées. Le consensus suggère toujours un rebond des bénéfices dès le troisième trimestre, qui se poursuivra en 2024. Il est donc crucial de surveiller attentivement les entreprises qui font preuve de prudence dans leurs perspectives pour les prochains mois, même sans être totalement pessimistes. Si ces titres subissent des baisses importantes, cela pourrait indiquer que les attentes étaient trop élevées, ce qui pourrait entraîner des difficultés à l’avenir.
Pour l’ensemble de l’année 2023, le consensus table sur une légère croissance des bénéfices d’environ 1%. Si l’on regarde dans les détails, deux observations sont à noter: ce chiffre est affecté négativement par les difficultés de certains secteurs tels que l’énergie, les matériaux et la santé, qui devraient afficher des résultats négatifs cette année; et le premier semestre ayant été globalement défavorable, les investisseurs s’attendent à un rebond au second semestre pour tirer la croissance 2023 en territoire positif.
Les prévisions concernant les bénéfices par action (BPA) pour 2023 sont restées inchangées ces derniers mois. Cela signifie que pour justifier la récente augmentation des multiples de valorisation, il serait nécessaire de revoir à la hausse les chiffres du second semestre 2023 et de 2024. Selon nous, ce scénario semble peu probable, car nous sommes susceptibles de faire face à un ralentissement économique synchronisé lié à l’impact croissant du resserrement de la politique monétaire sur l’économie réelle. Jusqu’à présent, les effets des hausses de taux sur les bénéfices des entreprises ne se sont pas encore pleinement manifesté et, malgré la croissance des salaires, les marges des entreprises restent à un niveau très élevé.
La prudence et la sélectivité sont donc de mise.
Les sujets à suivre de près
Intelligence artificielle et tech: engouement éphémère ou réelle opportunité?
Etant donné que sept sociétés expliquent la majeure partie de la performance du S&P 500, une attention particulière sera portée sur leur capacité à réaliser des bénéfices à la hauteur de l’expansion de leurs multiples.
Ces sociétés ont des profils très variés: Nvidia et Meta ont vu leurs estimations de bénéfices pour 2023 révisées à la hausse depuis le début de l’année, tandis que les cinq autres sociétés ont vu leurs attentes globales inchangées, n’offrant aucun support du côté des bénéfices pour justifier la forte surperformance. Malgré ces révisions, les «géants de la tech» devraient toujours afficher l’une des meilleures croissances bénéficiaires des entreprises américaines au deuxième trimestre. Toutefois, un léger écart pourrait conduire à une déception pour les marchés, comme cela a déjà été observé avec Tesla et Netflix.
L’opportunité de revenus liée à l’intelligence artificielle (IA) se retrouve, une fois de plus, au centre de l’attention. Lors de la dernière saison de résultats, les investisseurs se référaient au nombre de fois où le terme « intelligence artificielle » était mentionné par les équipes dirigeantes lors de leur présentation des résultats. Cette fois-ci, l’attention sera portée sur l’opportunité réelle de revenus liée à l’IA. Les entreprises capables de générer rapidement des bénéfices grâce aux avancées de l’IA, tout en maintenant une structure de coûts appropriée, devraient être récompensées par les investisseurs.
Pour l’instant, Microsoft semble être bien placé dans la course à l’IA et aux revenus potentiels qui en découlent. L’entreprise a plusieurs cartes en main notamment une participation majoritaire dans OpenAI, dont les capacités peuvent être exploitées au sein de son infrastructure cloud Azure, permettant ainsi aux entreprises de bénéficier des avancées en matière d’IA. De plus, le projet de Microsoft visant à intégrer un « copilote » d’IA dans son logiciel Office365 est susceptible de sensiblement améliorer l’interface pour l’utilisateur – avec des prix d’abonnement 1,5 fois plus élevés que ceux de leur suite historique.
Au-delà de l’IA, l’efficience reste un prérequis en 2023. A titre d’exemple, la solide performance de Meta depuis le début de l’année est liée au changement de cap de la direction qui a conduit à une réduction drastique des dépenses, tout en modérant les ambitions sur le projet du metaverse qui, pour l’instant, n’est pas rentable. Cela a permis à l’entreprise de regagner une partie de la crédibilité qu’elle avait perdu ces dernières années auprès des investisseurs. À l’avenir, les moteurs de croissance futurs devraient progressivement redevenir le centre d’attention, mais pas « à tout prix » comme cela a pu être le cas au cours de la dernière décennie.
La décélération européenne
En Europe, la contraction des bénéfices sur le trimestre devrait être plus marquée qu’aux Etats-Unis à -12%, notamment en raison de la faiblesse du secteur manufacturier.
Si sur l’ensemble de l’année 2023, la croissance des bénéfices est attendue légèrement négative, le consensus prévoit une reprise pour 2024. Face à la forte dégradation des indicateurs d’activités PMI en territoire restrictif et à l’appréciation de l’euro qui pourrait pénaliser les exportateurs, les risques de révision à la baisse des bénéfices pour les prochains mois sont très probables.
Le secteur du luxe sera important, car il a été l’un des principaux moteurs de la performance des indices européens cette année. Ce dernier a bénéficié d’un environnement de taux d’intérêt plus bénin et de la réouverture de la Chine. Cette saison des résultats devrait donc être un indicateur de la capacité du secteur à poursuivre ou non sa surperformance au cours des prochains mois.
Au cours des dernières semaines, les prévisions de bénéfices du luxe ont été revues à la hausse, laissant place à un niveau d’attentes élevées. Le risque de déception est donc réel face à une probabilité croissante que les ventes du marché chinois ne compensent finalement pas le ralentissement du marché américain. Les résultats récents de Richemont en ont été la preuve.
Cependant, si les perspectives du secteur du luxe à court terme pourraient être moins favorables, principalement en raison d’une inadéquation entre les attentes et le réalisé, la principale conséquence devrait être un creusement de l’écart entre les gagnants et les perdants structurels du secteur.
Le risque pesant sur la consommation
Les économistes restent extrêmement attentifs à la santé des consommateurs afin de déterminer l’ampleur et le calendrier du futur ralentissement économique mondial.
Jusqu’à présent, la consommation s’est montrée extrêmement résiliente en dépit de la hausse des prix, permettant aux entreprises de répercuter la hausse de leurs coûts, assurant ainsi une protection des marges. Mais dans certains segments, comme celui du commerce de détail, des tendances inquiétantes se dessinent en filigrane, notamment en cas de décélération de la croissance des salaires, qui pourrait devenir un risque pour la santé future du consommateur. Les questions clé pour l’avenir sont de savoir comment la désinflation et le ralentissement économique affecteront les dépenses, couplées au risque de voir se développer une guerre des prix.
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