La note macro de Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM.

La frontière irlandaise reste le point d’achoppement principal dans les négociations sur le Brexit. Les espoirs de Theresa May d’obtenir des concessions de ses partenaires européens au sommet de Salzbourg se sont révélés illusoires. Elle a fait valoir que la solution d’une frontière commerciale interne au UK était inacceptable. Mais la solution de backstop qu’elle a avancée, à savoir de rester globalement dans l’union douanière tant qu’un meilleur compromis n’était pas trouvé, apparait à l’UE comme un moyen d’éviter la négociation de l’accord commercial et de prolonger le statu quo autant que le souhaiterait le UK.

On sait, par ailleurs, qu’une grande partie des pro-brexit y sont aussi violemment opposés, car elle ne permettrait pas au pays de développer des partenariats extérieurs et laisserait l’UE maitre des règlementations applicables aux biens.

Le ton des dirigeants européens s’est donc plutôt durci sur le sujet et devrait se durcir encore jusqu’en novembre, date limite pour permettre aux Etats une ratification avant mars 2019. Même en cas d’accord, il reste à le faire accepter par le Parlement anglais, avec un risque non-négligeable d’échec. Les conséquences de ce scénario seraient sans doute un fort regain de volatilité à court-terme. On peut cependant penser qu’à plus long-terme, les forces propres de l’économie anglaise (adaptabilité des entreprises, système éducatif, infrastructures, qualité du système de financement, …) primeraient sur le contexte politique. Au demeurant, dans le passé récent, l’impact économique des risques politiques a souvent été surévalué.

Guerre commerciale: des bénéfices collatéraux

La guerre commerciale sino-américaine prend progressivement de la vitesse, avec, cette semaine, l’annonce que 200Mds supplémentaires seront taxés par les US, suivie d’une réplique chinoise d’une moindre ampleur, éloignant les espoirs d’une résolution rapide. Nous mentionnions la semaine dernière les effets négatifs pour les US dus à l’augmentation des prix intérieurs et à la perte d’exports sur des secteurs bien choisis par les chinois. Il faut ajouter des conséquences qui ne seront sûrement pas du goût du président américain:

  • Les européens, le Mexique et le Canada sont sur les rangs pour récupérer des parts du marché chinois aujourd’hui américaines, et ce d’autant plus facilement que la Chine envisage de baisser ses droits de douane pour les autres pays. L’objectif serait de ne pas peser sur la demande intérieure, tout en défavorisant les US. Des mesures non tarifaires pourraient également jouer en leur faveur.
  • En Chine, les entreprises les plus pénalisées seraient celles produisant des biens bas de gamme. Les attaques américaines seraient donc une incitation à l’innovation et à la délocalisation des
    activités à faible valeur ajoutée. L’Etat serait également incité à poursuivre sa politique d’aide aux secteurs de pointe.

Ces éléments, qui prendront un certain temps à se matérialiser, devraient contribuer à la pression sur le président américain pour trouver une porte de sortie à la crise en cours.

Un FOMC écrit d’avance

Les commentaires de la Fed, en août, mentionnaient la vigueur de l’économie américaine. Cet optimisme devrait soutenir le rythme de hausse des taux, et donc conduire à une hausse de 25bp la semaine prochaine. La fermeté de la banque centrale se traduit dans les taux réels, qui ont atteint 0,7% à 10 ans, quasiment au plus haut depuis 2012. Ceci devrait peser sur les émergents et les taux européens, alors que le QE tire à sa fin.