L’industrie de la mode est depuis longtemps dans le viseur des consommateurs soucieux de durabilité – et, de plus en plus, des investisseurs – en raison de sa contribution aux déchets mondiaux, aux émissions de carbone et aux mauvaises conditions de travail.
Par Eric Pedersen, responsable des investissements responsables
Une grande partie des critiques se concentre sur la fast fashion – ce modèle à rotation rapide et à bas prix qui continue de dominer les ventes en magasin et en ligne. Ce segment, fondé sur une production bon marché, une consommation rapide et la jetabilité, est largement considéré comme non durable. Son essor a jeté une ombre sur l’ensemble du secteur de la mode, influençant négativement la perception de toute la chaîne de valeur.
Cependant, bien que les critiques adressées à la fast fashion soient souvent justifiées, peindre toute l’industrie avec le même pinceau revient à ignorer les efforts positifs considérables de certaines entreprises. De l’innovation dans les matériaux aux modèles d’affaires circulaires en passant par la transparence de la chaîne d’approvisionnement, de nombreuses marques, fabricants et distributeurs investissent activement dans des pratiques plus durables. Ces efforts vont au-delà de la simple gestion des risques réputationnels et reflètent des attentes changeantes des consommateurs, un cadre réglementaire plus strict et une logique financière à long terme.
Un bon exemple d’entreprise progressant de manière mesurable est Hugo Boss, le géant mondial de la mode basé en Allemagne, présent dans notre stratégie d’investissement European Sustainable Stars Equity. Nous avons rencontré à deux reprises la direction de Hugo Boss dans le cadre de notre programme d’engagement régulier pour poursuivre le dialogue sur les enjeux clés de durabilité – gestion sociale de la chaîne d’approvisionnement, décarbonation et matériaux circulaires.
Des progrès dans la chaîne d’approvisionnement
Hugo Boss a réalisé d’importants progrès en matière de gestion sociale de sa chaîne d’approvisionnement au cours de l’année écoulée, en cartographiant sa chaîne mondiale couvrant 200 fournisseurs. L’entreprise a identifié les zones à haut risque – notamment le Bangladesh, le Pakistan et le Sri Lanka – et a rejoint des initiatives telles que les Accords du Bangladesh et du Pakistan, qui visent à améliorer la santé et la sécurité sur le lieu de travail grâce à des inspections indépendantes, entre autres mesures.
Hugo Boss est devenu membre de la Fair Labor Association (FLA), une organisation à but non lucratif dont la mission est de promouvoir le respect des normes internationales du travail. Par ailleurs, l’entreprise adhère au Social & Labor Convergence Program (SLCP), une initiative visant à améliorer les audits des normes sociales dans les usines d’habillement et de chaussures. Dans le cadre de notre engagement, nous avons encouragé Hugo Boss à améliorer davantage son reporting de diligence raisonnable en matière d’audit, en particulier sur les droits humains fondamentaux dans les pays à haut risque.
Focus sur la réduction des émissions
En matière de décarbonation, Hugo Boss a fait de l’amélioration de la qualité et de la précision des données une priorité cette année, dans le cadre de la mise en œuvre de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) de l’UE – en particulier pour les données de la chaîne d’approvisionnement de Scope 3. L’entreprise travaille à l’obtention de données primaires via Cascale, une alliance à but non lucratif dans les secteurs de l’habillement et des biens de consommation. Les fournisseurs de Hugo Boss adoptent également cette approche, ce qui en fait l’une des plus grandes initiatives de ce type dans le secteur.
Hugo Boss vise une réduction de 50% de ses émissions de Scope 1 et 2 d’ici 2030 par rapport à l’année de référence 2019. Des progrès notables ont déjà été réalisés avec une réduction de 18%. Le groupe ambitionne également de réduire de 50% ses émissions de Scope 3 sur la même période. Toutefois, en raison d’une augmentation de la production et d’un changement méthodologique, les émissions de Scope 3 ont augmenté de 23%. Malgré cela, nous saluons l’investissement de Hugo Boss d’obtenir des données de meilleure qualité pour le Scope 3, ce qui devrait offrir à l’entreprise de meilleures possibilités pour réduire ces émissions. Nous continuerons à suivre les progrès réalisés par rapport à ces objectifs.
Objectifs ambitieux en matière de circularité
En tant qu’acteur mondial de la mode, Hugo Boss est conscient de sa responsabilité dans la préservation des ressources naturelles et la transition vers une économie circulaire. Le groupe vise à ce que 80 % de ses produits textiles soient circulaires d’ici 2030. Il a déjà fait passer cette part de 17% en 2024 à 33% l’an dernier. Hugo Boss a également réduit le poids de ses emballages par article de 15% en 2024, et ambitionne une réduction de 30% des emballages plastiques à usage unique par article d’ici 2030.
Pour renforcer son engagement en faveur de produits conçus de manière circulaire, le groupe a mis en place des programmes de formation à toutes les étapes du processus, y compris en R&D et en éco-conception, afin de promouvoir un développement produit responsable et une utilisation efficiente des matériaux.
Dans l’ensemble, nous reconnaissons les efforts et les progrès de Hugo Boss en matière de durabilité. L’entreprise adopte une approche de plus en plus axée sur les données et ciblée. Nous saluons également sa collaboration avec d’autres marques pour traiter les risques systémiques de durabilité dans l’industrie de la mode. Cependant, nous restons vigilants face à l’augmentation de ses émissions et continuerons de surveiller l’évolution de la situation.
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