Uber : opportunités et défis

Uber : opportunités et défis

Uber a été l'une des actions les plus touchées de la pandémie, car les mesures contre Covid ont cloué les clients à la maison et ont eu un effet significatif sur l’activité de covoiturage que propose la société.

Par Esty Dwek, CIO

 

Alors que la fin de la pandémie devrait relancer la demande, la hausse des prix du carburant et la baisse du pouvoir d’achat des clients pourraient ralentir la reprise post-pandémique. Pourtant, la société conclut sans relâche de nouveaux accords pour étendre ses services au-delà de covoiturage et livraison de repas; elle vise à devenir une super application pour diversifier ses risques et pour s’ouvrir de nouvelles fenêtres d’opportunités.

Des résultats trimestriels mitigés

Les résultats d’Uber au premier trimestre ont été mitigés par rapport aux attentes des analystes. La société a déclaré une perte de 3,03 dollars par action.

Les pertes ont augmenté considérablement d’une année à l’autre et ont été majoritairement entraînées par 5,6 milliards de dollars liés aux investissements en actions, y compris des pertes non réalisées liées aux participations d’Uber dans Grab, Aurora et Didi.

Mais le chiffre d’affaires de la société a plus que doublé pour atteindre 6,9 milliards de dollars au premier trimestre, grâce à un changement dans l’activité de mobilité d’Uber au Royaume-Uni et à l’acquisition de Transplace.

Dernièrement, la société a annoncé de nombreuses collaborations avec des marques américaines et européennes pour diversifier son business. Uber a révélé un plus grand partenariat avec la marque d’épicerie américaine Albertsons, s’est associée à la chaîne de pharmacie américaine en ligne Rite Aid, a signé un accord avec le groupe français Carrefour et a établi de nouveaux partenariats avec les Britanniques Tesco et One Stop.

Uber étend les livraisons d’épicerie

Les dernières nouvelles suggèrent qu’Uber cherche sérieusement à s’étendre au-delà du covoiturage et des livraisons de nourriture et de boissons. La société veut être une plate-forme incontournable pour les livraisons d’épicerie aux États-Unis et idéalement en Europe.

En octobre dernier, la société a annoncé un accord avec le géant français de la distribution Carrefour pour livrer des courses dans les villes françaises en trente minutes. A Paris, certains magasins visent une livraison record en quinze minutes.

Puis, ce mois-ci, Uber Eats a annoncé un nouveau partenariat avec les Britanniques Tesco et One Stop. Uber Eats aidera le service en ligne Whoosh de Tesco, lancé en mai 2021, à livrer de la nourriture et des boissons en moins de soixante minutes aux clients.

Aujourd’hui, le service couvre deux cents magasins express à travers le Royaume-Uni, et vingt d’entre eux livreront des produits via des chauffeurs Uber Eat. Tesco veut que six cents magasins livrent de la nourriture d’ici la fin de l’année, et Uber pourrait aider Tesco à atteindre son objectif.

Quant à One Stop, plus de cent magasins ont déjà été lancés sur l’application d’Uber Eats jusqu’à présent, et quatre cents autres seront ajoutés ultérieurement.

Le potentiel de croissance avec de nouveaux partenariats est donc réel, et ce n’est pas une surprise qu’Uber Eats génère plus de revenue que le service de covoiturage à ce jour.

Défis

Hausse des prix du carburant

Les prix du carburant ont augmenté depuis l’année dernière, et la tendance a pris de l’ampleur depuis le début de la guerre en Ukraine. Les prix du pétrole brut ont augmenté de plus de 50% depuis le début de l’année, provoquant une importante inflation des prix à la pompe.

L’inflation du carburant se reflète également dans le prix des trajets Uber et pourrait ralentir la demande au cours des prochains trimestres.

Hausse de l’inflation

La hausse de l’inflation est un casse-tête croissant pour Uber, car la baisse du pouvoir d’achat des ménages pourrait faire baisser la demande et peser sur l’activité projetée d’Uber. Toutefois, la demande de livraisons d’épicerie devrait rester relativement résistante à la baisse du pouvoir d’achat, car les gens continueront de manger et de boire, et pourront même remplacer leurs dépenses de restauration au profit de l’épicerie.

La Fed américaine resserre la ceinture

Uber souffre des attentes bellicistes selon lesquelles la Réserve fédérale resserrera agressivement sa politique monétaire pour maîtriser l’inflation qui a atteint un sommet de quarante ans aux États-Unis cette année. La projection des taux d’intérêt plus élevée et une liquidité plus chère pèsent sur les actions américaines depuis la fin de l’année dernière, et la vente globale touche particulièrement les sociétés de technologie, qui sont très sensibles aux changements de taux.

Ainsi, la vente massive du marché a coûté à Uber deux tiers de sa valeur entre le pic de février 2021 et aujourd’hui, et nous n’avons peut-être pas encore atteint le fond.

2022.05.18.Graphique Uber
Cours d’action Uber Technologies (source : Trading View)

Cependant, les fondamentaux de l’entreprise restent solides, les nouveaux projets sont une extension naturelle de l’activité existante et le potentiel de croissance est réel.

Hélas, le potentiel de croissance n’est pas ce que les investisseurs recherchent le plus avec les perspectives d’un resserrement rapide de la Fed, et la peur d’une récession globale, aussi entrainé par une interruption de l’activité en Chine dans le contexte d’une politique ‘zéro Covid’, inquiètent les investisseurs.

Exposition limitée à la Chine

La bonne nouvelle est qu’Uber a une exposition directe limitée au marché chinois, car il a été racheté par le chinois Didi en 2016. Cependant, comme mentionné précédemment dans cet article, Uber détient une participation dans Didi, ce qui a entraîné une perte non réalisée de 3 milliards de dollars l’année dernière. L ‘exposition à la Chine est certainement une douleur à court terme, qui pourrait se transformer en un gain à long terme.

Quant au reste, même si l’activité d’Uber ne sera pas directement impactée par le ralentissement chinois, les effets secondaires, tels qu’inflation et ralentissement économique globale qui découle des décision chinoises de gestion de la pandémie, pourraient peser sur le potentiel de croissance d’Uber dans le court à moyen terme.

Les prévisions restent solides

Malgré les conditions de marché moins qu’idéales, les analystes restent optimistes quant à l’évolution du cours de l’action d’Uber dans les douze prochains mois. La prévision médiane du prix d’Uber au cours des douze prochains mois s’élève à $50 par action, soit une augmentation de 112% par rapport aux niveaux actuels. Certains analystes estiment que le cours de l’action pourrait grimper jusqu’à 74 dollars par action, soit une augmentation de plus de 200%, tandis que les prévisions les plus pessimistes préviennent que l’action pourrait perdre 35% supplémentaires dans la tourmente du marché pour atteindre la barre des 15 dollars.

2022.05.18.Uber forecast
Prédiction des analystes (source : CNN Money Survey)

 

NB : Il n s’agit pas de recommandations d’investissement

 

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