Les investisseurs sont souvent attirés par la nature durable des performances des infrastructures, mais que savent-ils de l’alignement du secteur avec les objectifs environnementaux et sociaux?

Par Ashwin West, Head of Sustainable Infrastructure Investment, BlueOrchard, Duncan Hale, Private Markets Group et Emaad Sami, Portfolio and Solutions Director, Infrastructure Debt

 

Ashwin West

Les infrastructures inspirent depuis longtemps aux investisseurs un sentiment de stabilité, de par la durabilité des performances inhérente à la nature tangible et souvent essentielle des actifs sous-jacents. Cette perception intuitive des caractéristiques des infrastructures est cohérente avec leur historique de performance. Pour autant, elle risque de laisser de côté certaines des qualités de la classe d’actifs qui n’ont jamais été aussi importantes qu’aujourd’hui.

De la transition du mix énergétique vers un recours accru aux énergies renouvelables à l’efficience et la sécurité des routes et des ponts, les infrastructures touchent presque tous les aspects de la vie quotidienne.

Peu de classes d’actifs ont la capacité d’avoir un impact plus important sur notre environnement que les infrastructures. Aucune ne jouera un rôle plus important dans la réalisation des changements nécessaires dans la lutte mondiale contre le changement climatique.

Dans cet article, nous étudions en quoi les infrastructures peuvent contribuer à un avenir plus durable et pourquoi tant des meilleures opportunités sont étroitement liées aux objectifs de développement durable.

En quoi les infrastructures contribuent-elles à l’atteinte des objectifs de durabilité?

Duncan Hale

Les infrastructures d’énergie renouvelable constituent sans doute la ligne la plus directe entre l’investissement et l’intention explicite de participer à la réalisation des objectifs de développement durable. Il est peu de dire que l’opportunité d’investissement à cet égard est importante.

Le passage suivant est extrait d’un document de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) qui décrit les investissements nécessaires pour maintenir la hausse de la température mondiale en dessous de 2°C.

«…l’investissement total dans le système énergétique… devra atteindre 110 000 milliards de dollars d’ici 2050, soit environ 2% du PIB annuel moyen sur la période. Sur ce total, plus de 80% devront être investis dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, l’électrification des utilisations finales, les réseaux électriques et la flexibilité.»

Compte tenu de la situation fragile des finances publiques à l’échelle mondiale, une grande partie de cet investissement devra provenir du secteur privé, avec des performances appropriées pour encourager le niveau d’investissement requis.

Emaad Sami

Cela offre deux opportunités aux acteurs qui investissent dans les énergies renouvelables. La première consiste à participer au développement et à la construction d’énergies renouvelables, dans le but de monétiser ou de détenir les placements concernés sur des périodes plus longues. La seconde consiste à acheter des actifs déjà construits pour les détenir sur des périodes plus longues.

Cette approche est d’une importance cruciale pour la réalisation du niveau d’investissement requis. Elle permet de réduire le coût du capital dans le secteur et, pour les investisseurs précoces, de comptabiliser des bénéfices qui pourront soit être réinvestis dans de nouveaux actifs liés aux énergies renouvelables, soit être distribués, attirant de nouveaux investisseurs à court terme vers le secteur des énergies renouvelables.

Cependant, si les énergies renouvelables constituent un élément majeur de la transition énergétique, elles ne sont pas le seul facteur. Un autre élément clé consiste en une décarbonation à grande échelle par le biais de la reconversion écologique d’actifs d’exploitation de friches industrielles existantes.

Dans ce domaine, le financement par la dette des secteurs traditionnels des infrastructures jouera un rôle particulièrement important, compte tenu des difficultés persistantes dont souffrent les sources traditionnelles de capitaux. Notre équipe spécialiste de la dette a par exemple financé des projets dans les secteurs des télécommunications et des transports, en soutenant la transition vers une économie plus durable et un avenir plus écologique. L’Europe est à l’avant-garde de ces tendances.

Composantes du développement durable – Déjà 17 objectifs

La contribution des infrastructures à l’objectif «zéro émission nette» sera – si nous y parvenons – un facteur essentiel pour parvenir à éviter un changement climatique catastrophique. Cependant, les atouts des infrastructures en matière de durabilité vont au-delà de la réduction de notre empreinte carbone.

L’action en faveur du climat constitue l’objectif de développement durable des Nations Unies (ODD) n°13. Il existe 16 autres ODD, conçus pour être interconnectés de sorte que les progrès accomplis dans la réalisation d’un objectif donné contribuent à l’atteinte d’autres objectifs.

Les projets ferroviaires en sont un bon exemple car ils contribuent simultanément à divers éléments d’une réelle durabilité.

Le rail est l’un des modes de transport les plus économes en énergie, représentant environ 10% du trafic mondial mais seulement 3% de la consommation totale d’énergie du secteur des transports. Notre équipe dédiée à la dette a financé un projet d’infrastructure ferroviaire en France qui incarne plusieurs objectifs de durabilité et d’impact en s’alignant sur les ODD 8 (Travail décent et croissance économique), 11 (Villes et communautés durables) et 15 (Vie terrestre). L’entreprise concernée est signataire d’une charte des principes de biodiversité établie par une agence gouvernementale française.

Elle s’engage ainsi à définir et à communiquer des plans d’action en faveur de la biodiversité pour l’ensemble de sa chaîne de valeur. L’entreprise a ainsi mis en place des groupes de travail spécifiques pour tenir compte des enjeux liés au carbone et à la biodiversité, afin de garantir la protection de l’habitat naturel et de la biodiversité.

Cette approche a également impliqué le lancement d’une campagne de sensibilisation du public pour diffuser ces connaissances au niveau local. D’autres initiatives dédiées à la mobilité, à l’inclusion sociale, à l’accès au logement et à l’amélioration des niveaux d’alphabétisation dans la région où l’entreprise est présente ont également été mises en œuvre, ce qui s’est traduit par 18 nouveaux projets locaux.

Nous avons également financé une société de matériel roulant en Allemagne qui dispose d’une flotte 100% électrique, contribuant ainsi aux ODD 9 (Industrie, Innovation et Infrastructures) et 13 (Action climatique). Cet exemple d’investissement est le premier dans le secteur ferroviaire assorti d’objectifs fondés sur la science et conforme aux objectifs de l’accord de Paris. L’entreprise vise à réduire ses propres émissions de plus de 40% d’ici 2030. Elle est à la pointe non seulement sur les normes ESG mais aussi sur la maintenance de sa flotte, sachant qu’elle a obtenu des certifications ISO (Organisation internationale de normalisation) de haut niveau.

Les deux projets ont obtenu la certification «obligations verte».

Conformément à l’ODD 12, Schroders Greencoat, en tant que détenteur et exploitant de placements en actions dans des projets de biomasse, obtient des matières premières issues de sous-produits d’autres industries, tels que les déchets de bois dans son site de Templeborough. Cependant, les projets concernés retraitent également leurs propres résidus à la fin du cycle.

Dans le processus de production d’énergie à partir de biomasse, 5% du combustible est composé d’un matériau résiduel non-inflammable issu du procédé de combustion, connu sous le nom de «mâchefer». Après utilisation, nous envoyons ce déchet non dangereux sur un site où il est recyclé dans la fabrication de briques. Celles-ci peuvent être utilisés pour la construction de maisons et de bâtiments, et dans la réparation de routes.

Nous estimons que préserver ces déchets de l’enfouissement est non seulement responsable sur le plan économique mais aussi juste d’un point de vue environnemental.

Plusieurs centrales solaires de Schroders Greencoat ont également pris des mesures en faveur de l’ODD 15, «Vie terrestre». Les abeilles réalisent environ 80% de l’ensemble de la pollinisation dans le monde et maintiennent la croissance et la prospérité des précieux écosystèmes de notre planète.

Les abeilles stimulent la biodiversité et soutenir les populations locales d’abeilles est l’occasion de s’engager auprès des communautés locales et des établissements scolaires. L’équipe a installé des ruches sur un certain nombre de centrales solaires. Cela impose d’obtenir les autorisations requises auprès des autorités locales d’aménagement et de veiller à ce que la construction et l’entretien des ruches soient effectués en accord avec les mesures de santé et de sécurité en vigueur. Le projet vise à impliquer les communautés locales en s’associant à des groupements locaux d’apiculture. Plusieurs visites scolaires ont eu lieu en 2022 pour permettre aux élèves d’en apprendre davantage sur les abeilles, la biodiversité et la manière dont elle peut être combinée avec les énergies renouvelables.

En 2022, BlueOrchard a soutenu une entreprise – par le biais d’un financement par emprunt – en construisant, détenant et exploitant un portefeuille de tours de télécommunications aux Philippines. Cette action répond à quatre ODD principaux. Elle participe à la réalisation de l’ODD 8 via la création d’emplois permanents liés à la construction, et à l’ODD 9 – Industrie, innovation et infrastructure – grâce à sa contribution à l’amélioration des infrastructures numériques en zones rurales et périurbaines.

Ces nouvelles tours de télécommunications contribuent également à un meilleur accès à des infrastructures numériques abordables et de haute qualité dans les zones rurales et périurbaines, répondant ainsi à l’ODD 10 (réduction des inégalités). Enfin, notre prêt a servi de signal à d’autres investisseurs potentiels aux Philippines, ce qui au bout du compte a facilité la mobilisation de capitaux internationaux supplémentaires dans l’entreprise, contribuant à l’ODD 10 (partenariats pour la réalisation des objectifs).

Ce ne sont là que quelques exemples de la façon dont les infrastructures contribuent à améliorer la durabilité au sein des communautés et des écosystèmes dans lesquels elles sont installées.

Le nouveau paradigme des infrastructures: qu’est-ce qu’il signifie et comment les gérants l’abordent-ils?

Il est souvent estimé à tort qu’investir dans les «nouveaux» segments des infrastructures est nettement plus risqué que d’investir dans des domaines éprouvés. Bien que cela puisse être vrai dans certains cas, bon nombre des «nouveaux» segments de l’investissement dans les infrastructures sont peu familiers plutôt que risqués. Dans de nombreux cas, les projets interviennent sur des technologies éprouvées mais de façon légèrement nouvelle ou à une échelle qui n’a jamais été commercialisée auparavant.

Pour les investisseurs à long terme, cette fausse idée peut se révéler rentable. Les nouvelles technologies peuvent être synonymes de nouveaux risques et de nouvelles structures contractuelles/réglementaires, ce qui incite bon nombre d’investisseurs à rester à l’écart. Toutefois, pour ceux qui disposent des bonnes compétences techniques, qui ont une bonne connaissance des risques associés à la technologie et aux structures contractuelles/réglementaires, l’avantage lié au fait d’être le premier sur le marché est réel.

Adopter une telle approche prospective et considérer la dette et les capitaux propres comme des éléments complémentaires d’un programme global d’investissement dans les infrastructures perpétue le cercle vertueux «investissement-progrès-investissement». La sécurité des rendements issus des infrastructures, qu’il s’agisse de dette ou d’actions, est primordiale dans le contexte de notre stratégie d’investissement globale. La génération de rendements durables joue un rôle central dans les programmes globaux d’infrastructure et de dette privée de nombreux investisseurs. Surtout, cela permet aux investisseurs de soutenir les actifs de nouvelle génération lors des phases précoces de projets ou de déploiement de technologies par le biais d’investissements en dette et en actions.

Nous soutenons le financement de domaines d’infrastructures émergents qui bénéficient d’une bonne vision de l’échelle de commercialisation adéquate. En s’appuyant sur des cadres contractuels ou réglementaires appropriés, les risques commerciaux ou technologiques peuvent être atténués. Cet aspect est essentiel pour l’investissement durable à long terme; les investisseurs sont ainsi activement en mesure de générer des efficiences plus importantes encore.

Le fait d’orienter les portefeuilles de long terme en faveur du développement durable est non seulement bénéfique pour la planète, mais semble également être le seul choix prudent au regard de l’évolution constatée du marché et de l’économie.

En effet, il existe un argument fort selon lequel les facteurs de durabilité englobent et viennent compléter l’analyse traditionnelle des risques. Les objectifs et les aspects liés à durabilité ne perturbent pas la gestion classique des risques mais au contraire l’améliorent. La transition vers un avenir moins carboné et plus favorable au climat nécessite une approche proactive du suivi des indicateurs clés de performance (KPI) appropriés. Les facteurs de durabilité offrent non seulement des opportunités mais doivent nécessairement être intégrés à la gestion continue des risques.

Quels domaines sont les plus susceptible d’être affectés par la transition vers un système énergétique décarboné?

Les technologies capables d’améliorer la prévisibilité des réseaux offrent une réelle opportunité. Les énergies renouvelables génèrent de grandes quantités d’électricité décarbonée, mais elles sont en grande partie intermittentes.

Du point de vue de la décarbonation, il existe trois grands domaines dans lesquels les combustibles fossiles ont toujours été utilisés et où des solutions doivent être trouvées. Ces domaines sont l’électricité, le chauffage et le transport. La décarbonation de l’électricité a indéniablement connu le plus grand succès dans ces trois domaines (c’est aussi la plus facile à réaliser) mais elle n’est pas sans problème: comment générer de l’électricité lorsqu’il n’y a pas de vent ou que le ciel est couvert?

Le stockage est une réponse, et le développement et la production de batteries sont appelés à s’accélérer au cours des dix ans à venir. Le nucléaire, qui fournit à grande échelle des sources d’électricité plus stables et moins dépendantes des conditions météorologiques, est un autre domaine dans lequel des investissements s’imposent. Les deux autres domaines que sont le chauffage et le transport ont connu moins de succès. Ce sont ceux dans lesquels la possibilité de tirer parti de la décarbonation réussie de l’électricité offre des opportunités. Parvenir à trouver un moyen de convertir et d’utiliser efficacement l’électricité verte en différentes sources d’énergie fait partie intégrante de la décarbonation.

 


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