Par rapport au pic du cycle cyclique de février, il manque 15 millions d’emplois aux Etats-Unis. La bonne nouvelle est qu’en avril, il en manquait 22 millions. A ce jour, ceux qui ont perdu leur emploi ont, dans l’ensemble, vu leur revenu progresser car les indemnités de chômage ont été accrues, mais ce soutien devrait se réduire en août. L’effet net sur la demande est ambigu. Les ménages devront puiser dans leur épargne involontaire. Certains seront poussés à intensifier leur recherche d’emploi. Encore faudra-t-il alors que le marché du travail ne soit pas refermé pour contenir le nouvel emballement de l’épidémie.

Focus US par Bruno Cavalier, Chef Economiste et Fabien Bossy, Economiste

 

US : indicateurs du marché du travail

Selon le BLS, la reprise de l’emploi a accéléré en jui,n avec une hausse de 4.8 millions, suivant un gain de 2.7M en mai (graphe). L’emploi est actuellement 10% sous son niveau pré-crise. A 80%, le redressement récent vient de quatre secteurs très touchés par le confinement: restauration & loisirs, commerce de détail, santé et construction. C’est dire combien ces évolutions positives sont liées à l’assouplissement des restrictions imposées en mars et avril face à la première vague de l’épidémie. A plus de 90%, les personnes licenciées l’ont été à titre temporaire, avec une promesse d’être réembauchées quand la situation sanitaire serait à nouveau normale. Ce n’est hélas pas le cas. Devant la recrudescence des cas d’infections dans plusieurs états du sud et de l’ouest, de nouvelles restrictions ont été prises à l’échelon local. Le risque immédiat est que l’amélioration du marché du travail marque le pas. Depuis deux semaines, les inscriptions au chômage, nouvelles et continues, ne baissent plus guère.

US : contributions à la hausse du revenu réel des ménages

Pour compenser le choc sur l’emploi, le revenu des ménages ayant été licenciés a été soutenu. Il est usuel que les transferts gouvernementaux augmentent en phase de récession, mais jamais d’une telle ampleur. Au plus fort du choc, entre mars et mai, ces transferts ont été tels que le revenu des ménages a accéléré dans des proportions historiques (graphe). En particulier, le CARES Act a rendu les allocations-chômage très généreuses. Environ deux-tiers des nouveaux chômeurs ont vu leur revenu augmenter après la perte de leur emploi. Cela n’incite pas vraiment à revenir sur le marché du travail. Ces mesures de stabilisation protègent la demande mais pèsent sur l’offre de travail, ce qui n’est pas soutenable. Il serait risqué néanmoins de passer à l’autre extrême, en stoppant les transferts aux ménages dans l’espoir que ceux-ci chercheront et retrouveront sans difficulté un emploi. Il serait souhaitable que le Congrès trouve un accord pour prolonger ou du moins adapter les mesures de soutient. Il n’y a aucune garantie en ce sens vu le contexte électoral et sanitaire.

Le taux d’épargne des ménages a baissé de 9 point en mai (à 23.2%), après avoir bondi de 20 pts en avril. Ce seul chiffre dit combien l’évolution du revenu des ménages est peu lisible à l’heure actuelle tant il y a de distorsion causées par les aides d’urgence versées pendant le confinement.

A suivre cette semaine

En l’absence de données macro importantes (hormis l’ISM non-manufacturier, publié le 6) ou d’évènements de politique économique, l’attention va se focaliser sur la situation sanitaire. Le fort accroissement du nombre de cas de coronavirus depuis une quinzaine de jours fait craindre que les ménages restreignent à nouveau leur activité et leurs dépenses.

 

Sources : Thomson Reuters, Ganong, Noel & Vavra, Oddo BHF Securities