Quand on attend quelque chose qui est censé faire bouger les bourses mondiales, il y a deux manières d’attendre : ne rien faire, et monter en se disant que «ça sera bien». La solution de baisser parce que «ça ne sera pas bien», n’est même pas envisageable en ce moment.

L’Audio du 20 mars 2019

Les Européens se sont dit que ça allait bien se passer, que la FED allait continuer à montrer qu’il ne feraient rien en 2019 – pour autant qu’il y ait encore un doute – et puis vu que les Américains semblaient assez enthousiastes à l’ouverture, il n’y avait aucune raison de flipper plus que ça.

Mannschaft

Les Allemands ont donc fini en pleine euphorie emmenés par leurs voitures et leurs industrielles pendant que Deutsche et Commerzbank payaient leurs excès de la veille et le fait que les «régulateurs» se montraient moyennement chauds à l’idée d’un mariage germano-allemand.

Le reste de l’Europe suivait le mouvement, mais hier c’était définitivement les Allemands qui gagnaient. Fallait que je la place celle-là.

Je me lève. Et je te bouscule. Tu ne te réveilles pas

Comme d’habitude, lorsque les Européens s’emballent en se disant :

1) que la FED allait être super sympa mercredi soir
2) que les marchés US avaient l’air trop en forme et qu’on pouvait leur faire confiance

… Les marchés US se sont lâchement dégonflés en fin de séance, laissant les traders européens médusés devant leurs smartphones alors qu’ils finissaient leur huitième bouteille de Bollinger pour fêter une excellente journée.

Le réveil risquait d’être difficile dans quelques heures et pas uniquement parce que le Dow Jones avait fini dans le rouge.

À boire et à manger

Il faut dire que les Américains n’ont pas été épargné par les informations contradictoires durant la séance. Informations qui avaient de quoi déboussoler n’importe quel investisseur.

Tout d’abord, le sentiment global était plutôt favorable dans l’attente des résultats du FOMC Meeting prévus mercredi soir. Ceci même si les rapports négatifs et les « ATTENTION LA RÉCESSION EST À NOS PORTES » étaient nombreux dans les médias. Tellement nombreux que je si je commence à les lister dans cette chronique on en aura jusqu’à la fin de la semaine.

Trump en dernier défenseur

Mais en plus de cela, nous avons eu Trump qui a remis du bois dans la cheminée pour attiser le feu du Trade Deal. Le Président a fait un re-Tweet d’un de ses vieux Tweets, pour dire que «les négociations se passent bien».

Bonne nouvelle me direz vous !!!

Bien sûr.

Sauf que dans la foulée Bloomberg a publié un article qui laisse entendre que certains négociateurs américains ont le sentiment que les Chinois font machine arrière sur des points de détail du Trade Deal.

On s’autorise à penser… blablabla, dans les milieux autorisés

Avant d’aller plus loin, il faut noter que Bloomberg ne cite personne mais dit que ce sont « certains » négociateurs. Comme ils pourraient dire une « source bien informée de l’intérieur » alors qu’en fait c’est simplement le beau-frère du journaliste en question qui a donné son avis après avoir vu un reportage sur Fox News qui montrait un chinois pas content après 12 secondes d’antenne.

Mais peu importe. Le mal aura été fait. Il semblerait même que les Chinois hésiteraient à mettre le Boeing 737 MAX sur la liste des importations «obligatoires» post-trade deal… et que cet état de fait «choque» les Américains.

I believe I can fly

C’est vrai que ce n’est pas sympa de la part des Chinois, ils pourraient au moins en acheter une centaine, car même s’ils volent mal, ils pourraient mettre leurs dissidents dedans et les laisser s’enfuir à l’étranger. Ou alors laisser les négociateurs américains rentrer à Washington avec l’un d’entre eux. On gagnerait du temps.

Peu importe la véracité ou la réalité des nouvelles, peu importe les détails de l’avancée des négociations et si oui ou non les Chinois vont devoir importer tous les produits que les Américains ne veulent pas. Des articles comme ça n’ont pas vocation à faire monter le marché.

Cast away, by FedEX

Marché qui s’est donc dégonflé comme une baudruche et terminait inchangé voir légèrement en baisse et pour couronner le tout, en fin de séance FedEX a publié des chiffres pourris et plongeait de près 6% et se faisait un malin plaisir d’annoncer qu’ils constataient un ralentissement mondial dans leur business.

Il vrai que si l’une de nos croyances boursières est que lorsque les semi-conducteurs vont bien, tout va bien. Il est également vrai que lorsque FedEX va mal, ce n’est jamais de bonne augure.

Reste donc plus qu’à voir si Powell sera capable de nous donner un nouveau shot d’amphétamines ce soir.

OUVERTURE du nouveau JOUR ce mercredi 20 mars au passage Malbuisson à Genève

Un, deux, trois… soleil…

Du côté de l’or et du pétrole, on joue la carte de l’immobilisme et dans le doute on préfère ne rien faire. Même si un des meilleurs Hedge Funds de 2018 (Crescat Capital LLC) a annoncé que le « trade du siècle » – notez bien : DU SIÈCLE, serait d’acheter de l’or et de shorter les actions parce que nous nous approchons d’une nouvelle crise qui donnera l’impression que 2008 était une promenade dans Central Park ou au bord du Lac de Genève (ça, c’était juste pour faire réagir les Vaudois).

Crescat Capital gère actuellement 50 millions – c’est peut-être pour ça que l’or n’a pas bougé sur la nouvelle.

L’Asie est en mode «wait&see»

Ce matin il paraît que l’Asie est en mode attente. Attente de voir ce que va faire la FED. Attente de voir ce que va faire la Chine (Should I stay or should I go ?). Attente de voir si les négociateurs Américains reviennent en bateau ou en avion la semaine prochaine.

Le Japon ne fait rien, parce que le Japon sait mieux attendre que les autres parce qu’Hong Kong et la Chine attendent en baissant de 1%. Il ne faudrait par les faire patienter trop longtemps, parce qu’à ce rythme-là, ça va vite faire des dégâts.

News en vrac

Pour ce qui est des nouvelles du jour, la déception de FedEX et son avertissement sur la croissance mondiale fait les premières pages, avec plus d’insistance que si c’était le FMI qui l’avait dit.

Au chapitre BREXIT, pendant que May pagaie à contre-courant pour essayer de sauver ce qui peut l’être, Bruxelles durcit sa position et semble moins enclin à trouver des solutions. Barnier joue la vierge effarouchée et il a raison, dans pas si longtemps, quand il sera debout sur les débris fumant de ce que fût le rêve de Mitterand et de Kohl, il pourra toujours demander l’asile politique à l’Angleterre.

Game over

Autrement Sony et Nintendo se font démonter à Tokyo après que Google ait présenté sa stratégie pour participer à la vague du « gaming ». JP Morgan et Goldman Sachs sont bullishs sur l’Inde.

Alors que les Chinois renâclent à acheter des 737 max (les chiens), Bloomberg vient d’annoncer que selon un autre beau-frère d’un autre journaliste, la veille du crash du Boeing de LionAir en octobre dernier, un pilote qui était en congé et qui volait dans le cockpit du 737, a sauvé l’avion du même type de panne qui allait le faire se crasher le lendmain.

Le pilote en question aurait montré à l’équipage comme désengager les commandes automatiques sur le moteur qui poussait l’avion vers le sol. En fait, plus je lis des articles sur le 737 MAX, plus je me dis que c’est Skynet qui pilote ces avions et non plus les pilotes, et que pour mon voyage en Australie de cet été, ça prendra du temps, mais j’irai en train.

AppleFlix

Le 25 mars, Apple organise un énorme événement médiatique durant lequel ils vont présenter leur projet qui devrait faire concurrence à NetFlix, Disney ou Amazon Prime. On en sait encore très peu, mais il semblerait que ça pourrait faire du bruit. Pas une révolution. Juste du bruit.

Boire de l’eau en manger des légumes bios

Si jamais l’Université de Harvard a publié les résultats d’une étude qui laisse à penser que si vous buvez du soda sucré deux fois par jour, vous augmentez votre risque de mourir d’un cancer du sein ou du colon ou alors même d’une crise cardiaque. En revanche, il ne disent pas si c’est bien de sauter d’un avion sans parachute ou pas. Ni si c’est une bonne idée de prendre son bain en se séchant les cheveux.

Ça doit probablement être les mêmes chercheurs qui ont découvert que le tabac c’est mal et que la malbouffe, ça ne fait pas du bien. Tiens, à propos de malbouffe ou de non-malbouffe, allez voir notre dernier article « lifestyle » en scrollant down, il s’intitule : «C’est décidé, j’arrête de manger n’importe quoi, tout le temps et en grosse quantité» et c’est à propos de « JOUR » qui ouvre son second restaurant à Genève.

Scrollez-down !!!

Il y a aussi le point macro d’Unigestion qui revient sur les RedHot Chili Peppers, une enquête sur la mesure du ralentissement de la Chine et le chapitre immobilier si vous comptez acheter un appart à la montagne et que vous avez un budget illimité…

Pour le reste, il n’y a plus qu’à attendre la FED ce soir. Passez une excellente journée et on se revoit demain, même heure, même endroit.

Thomas Veillet
Investir.ch

«À vingt heures, à la télé, quand tous les pauvres sortent du travail, on ne peut pas dire toute la vérité. Sinon, la majorité n’irait pas travailler le lendemain.»

Coluche